On s’est beaucoup intéressé aux aspects mécaniques de la jouissance de l’homme, moins à ses versants psychologiques. Alors, est-ce qu’éjaculer, c’est jouir ? Est-ce que les hommes simulent ? Comment perçoivent-ils l’orgasme et quelles sensations celui-ci leur procure-t-il ?

L’orgasme masculin est plus complexe qu’on ne le pense. Pour mieux comprendre le plaisir sexuel masculin, j’ai écouté et noté les réponses d’hommes et d’experts, sexologues et médecins.

Faire la différence entre éjaculation, orgasme, et jouissance

Selon Samuel Salama, médecin gynécologue et sexologue, il faut distinguer les aspects mécaniques de la jouissance de l’homme et l’orgasme, qui est lié aux sentiments et aux sensations. Voici ses explications :

  • l’éjaculation, c’est l’émission de sperme grâce aux testicules à la vésicule biliaire et à la prostate ;
  • l’orgasme, c’est la contraction de muscles du plancher pelvien (comme chez les femmes) qui va jouer un rôle sur l’éjaculation, mais aussi entrainer une sensation de plaisir ;
  •  la jouissance, c’est la perception de ce plaisir plus ou moins intense en fonction de l’excitation et du contexte.

Beaucoup d’hommes dissocient orgasme et éjaculation : lors d’une émission intitulée « Les Français au lit », des hommes ont été interrogés sur leur rapport au plaisir et au sexe. Face à des propositions d’affirmations, ils devaient appuyer sur un buzzer vert ou rouge selon qu’ils trouvaient l’affirmation proposée juste ou non. A la vision de la phrase suivante : « Ejaculation = Orgasme », les participants ont, pour la majorité, appuyé sur le buzzer rouge.

« C’est une erreur d’associer éjaculation avec orgasme, affirme l’un d’eux. J’ai connu des moments de fatigue où j’avais une éjaculation, mais pratiquement pas de plaisir » ; « L’éjaculation, c’est très mécanique, poursuit un autre. Ce n’est jamais un sentiment désagréable d’éjaculer, mais ce n’est pas un orgasme » ; « L’orgasme est juste avant l’éjaculation donc si je pouvais rester « avant », ce serait parfait. »

Et si certains hommes ne font pas la différence, ils identifient tout de même différentes phases de leur jouissance, à l’instar de Manuel, 33 ans : « Personnellement, je n’ai jamais éjaculé sans jouir ou inversement. Ce qui compte, ce sont tous les mouvements du plaisir pendant l’amour. La jouissance, c’est le pic ultime, mais pendant l’acte, c’est comme une montagne russe : on monte et on descend plusieurs fois de suite, plus ou moins haut, plus ou moins vite, et chacun de ces plaisirs est jouissif différemment… Quand on atteint le sommet de l’excitation, alors on est en extase, on éjacule et on redescend pour de bon. »

3 choses que l’on ignore souvent sur la jouissance masculine


Le plaisir par procuration

De plus en plus d’hommes affirment s’intéresser au plaisir de leur partenaire ainsi qu’à leur jouissance. Pour certains elle est même à l’origine de la leur : « Quand il y a un échange avec sa partenaire et qu’on lui procure du plaisir, l’orgasme n’a pas besoin d’être appelé, il arrive », affirme un homme interrogé.

Et tant mieux ! Car c’est visiblement dans ce sens que ça marche, ainsi que l’explique Samuel Salama, sexologue : « Puisqu’il y a une période réfractaire après que l’homme a éjaculé, un des conseils importants, c’est : monsieur, occupez-vous du plaisir de madame en premier lieu, elle, elle est capable de vous le rendre après ».

L’orgasme prostatique tabou

Quant à l’orgasme prostatique (oui, celui qu’on atteint par une pénétration anale), il est certain qu’il fait de l’effet puisque les hommes l’évoquent en ces termes : « orgasme océanique » ; « abyssal » ; « sensations folles ». Toutefois, beaucoup sont encore très frileux sur la question.

Les hommes aussi peuvent simuler le plaisir

Les femmes ne seraient pas les seules à simuler. Lors de l’émission citée plus haut, la phrase suivante a été proposée : « Les hommes ne simulent jamais. » La plupart des interrogés ont là encore appuyé sur le buzzer rouge : faux.

« Une éjaculation ça ne se simule pas, explique un homme interrogé, mais mon expression corporelle, c’est-à-dire respirer plus fort, faire des sons, ça, j’ai pu l’exagérer. »

En tout cas, certains disent l’avoir fait quand ils n’étaient pas dedans pour une quelconque raison.

A quoi ressemble l’orgasme masculin ?

Quand ils doivent décrire l’orgasme, les hommes parlent d’électricité, de bombe et de muscles.

« C’est une bombe à retardement, ça va partir de tous les côtés. Je sens mon système veineux qui gonfle et mes muscles qui se tendent. » 

« Tu as l’impression que ton sexe devient très très sensible et le moindre va-et-vient te fait des frissons dans tout le corps, poursuit un jeune homme.

« On tremble de la tête aux pieds, on a des battements cœur, comme une tétanie qui se passe au niveau des muscles. »

Enfin, quelques hommes ont l’impression de ne l’avoir pas vécu. Ils ressentent le plaisir lié à l’éjaculation, mais pas quelque chose de transcendant.

La phase réfractaire post-éjaculatoire (aussi appelée dépression post-orgasme)

Après la jouissance, beaucoup d’hommes décrivent une sensation de fatigue, de vide, de plat, un arrêt net des sensations. Cela correspond au moment où leur érection diminue et leur sexe ramollit. Cette période peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, pendant lesquelles ils ne peuvent plus bander et avoir un autre rapport.

Certains repoussent ce moment au maximum, quitte à ne pas avoir d’éjaculation à chaque fois, pour profiter complètement de la phase où ils sont au sommet de l’excitation.

En résumé, hommes et femmes semblent très proches face à l’orgasme, sinon que l’éjaculation signe la fin du rapport sexuel pour les hommes, ce qui n’est pas le cas chez les femmes. Donc, à moins de maîtriser l’art de la non-rupture, les hommes ont tout intérêt à privilégier le plaisir de leur partenaire, à la fois pour la combler, mais aussi pour laisser à leur orgasme le temps de monter et de gagner en puissance.

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